• La vie quotidienne en ville

    A côté du camp de prisonniers, Châteaubriant vit à l’heure allemande. Pendant toute la guerre le couvre-feu est appliqué de 20 heures à 5 heures du matin, parfois même dès 19 heures.

     

    D 37 - Défense passive

    La « défense passive » est rigoureuse. Les vitres des portes et fenêtres, même des plus petites, peintes en bleu, ou habillées de papier bleu et de bandes de papier, ne doivent laisser filtrer aucun rai de lumière pour ne pas risquer d’attirer l’attention des avions passant au-dessus de la ville. Dans certaines maisons un bleu de travail, au-dessus de la lampe, masque la lumière. L’hôpital des Fougerays, éloigné de la ville, se soustrait un certain temps à cette obligation, mais sur injonction des Allemands, il équipe toutes les lampes de boites de conserve peintes en bleu. Même les vélos, doivent masquer leurs phares.

    Des jeunes gens sont réquisitionnés pour patrouiller en ville, munis d’un « certificat de défense passive » et d’un brassard : s’ils aperçoivent quelque rai de lumière, ils sifflent. Ou, pour blaguer, contrefaisant leur voix, ils disent « Gross lumière, Madame, vous cacher ! ». « L’hiver, les escaliers de mon immeuble étaient bien sombres. Pour aller chercher du pain, je descendais à tâtons, les mains en avant. On n’avait pas le droit d’avoir des lumières » dit Denise Lebastard-Tiffon.

     

    Des bandes de papier de cinq centimètres de large environ doivent être collées en croix sur les fenêtres pour prévenir les « effets de souffle » en cas de bombardement.

    Les Allemands assurent des rondes régulières : « ils passaient de la route de Fercé à la rue de Belêtre, en traversant par notre jardin, dit Mme Huard, si bien que le matin où ils sont venus m’arrêter, je ne me suis doutée de rien, ayant l’habitude de les entendre traverser au ras de la maison ».

     

     

    D 25 - Restrictions

    En 1944, quand des alertes signalent l’arrivée d’avions dans le ciel de Châteaubriant, un certain nombre de Castelbriantais descendent « aux abris » : notamment dans la profonde cave du « Four Banal » place de la Motte ; ou dans la maison adossée à l’ancien mur de ville dans la rue Pasteur (à côté du commerce, d’un genre particulier, baptisé « A notre idée » : un bordel réservé aux officiers allemands, « le plus beau magasin de la rue » nous a-t-on dit) ; ou dans l’étroit boyau correspondant aux fortifications souterraines du château (derrière le magasin de corsetterie « Billon-Dubois ») ; ou encore dans les profondes caves de l’Hôtel de la Houssaye (usine Ney-Leroy, Grand Rue). Des tranchées ont été creusées dans le terrain de la Vannerie, sur les promenades des Terrasses, boulevard de la République et dans le parc de la propriété De la Lande. Des caves ont été étayées, celle du garage Charron rue Michel Grimault, par exemple. Des matelas y sont installés.

     

     

    Le quartier général des Allemands est à « la banque Couchot », tandis qu’en face, dans ce qui fut autrefois le quartier de La Boule d’Or, puis le magasin « La Botte d’Or » puis « Le Casque d’or », se trouve ce que l’on appelle « Radio-Crampon ». « C’était la radio qui diffusait la propagande allemande à l’aide de haut-parleurs installés dans les rues de la ville. Le préposé était un Allemand nommé Crampon » se souvient Mme Huard.

    A l’école publique de Béré sont entreposés le pain et les farines pour les Allemands. A St-Joseph est installé le dépôt de boissons (et d’alcools !). Les écoles, publiques et privées, sont réquisitionnées. Les classes sont organisées un peu partout : chez les particuliers (deux classes dans la maison de Mme Huard), dans les bâtiments du « Cercle Catholique », au café Glédel à côté de la mairie (actuel café BHV), et « au district » (emplacement de la librairie Lanoë, Grand’rue), à la Porte Neuve, ou dans deux étages de l’Hôtel de la Houssaye, dans les greniers de l’école des Terrasses ou au-dessus des arcades de la Galerie Renaissance du château.

     

    On partage même les salles de classe à l’école de Béré : les filles le matin, les garçons l’après-midi.

     

     

     

     L’alimentation

    L’alimentation ne pose pas trop de problèmes au début de la guerre dans la région castelbriantaise. Par les hasards de la partition de la France, la zone occupée (sauf les régions côtières) produit son alimentation, tandis que la zone dite libre connaît une situation alimentaire très grave. Châteaubriant est, depuis toujours, un important centre agricole et nombre de Castelbriantais ont des jardins en ville, de la famille ou des amis à la campagne. L’usine Huard a même acheté des terrains au début de la guerre pour ses ouvriers. Selon M. Huard. « Les habitants de la région ne sont pas morts d’inanition ou de "maladies de carence" dues à la malnutrition ».

    Mais pour de nombreuses familles ouvrières, celles de la « Cité de Carfort » par exemple, la nourriture manque. « Petit à petit nous avions trouvé une filière à Fercé où nous allions à vélo pour trouver de la viande » se souvient Paulette Blond. « Notre voisin faisait du marché noir, raconte Guy Alliot. On entendait la nuit les coups de hachoir lorsqu’il découpait la viande. Un jour ma mère lui a demandé un petit morceau de porc. C’est drôle : il n’avait pas de couane. Quand nous l’avons fait cuire, ce fut une infection dans la maison : une odeur de pisse qui est restée longtemps. J’ai su après la guerre qu’à cette époque les vétérinaires arrosaient de purin les cadavres des bêtes malades, afin qu’ils ne soient pas vendus pour la consommation. C’est sans doute un morceau comme cela qui nous a été fourni ».

    Les paysans qui le peuvent envoient de la nourriture dans les villes. « La poste de Châteaubriant voit passer beaucoup de colis de beurre, poulets, saucisses, en direction de Paris ou de la « zone libre ». Le gouvernement a admis le principe de l’expédition de colis familiaux d’un poids maximum de 50 kg, notamment de pommes de terre pour assurer l’alimentation des citadins. On constatera des abus : un maire, en France, a délivré au même cultivateur 60 attestations de parenté dont aucune n’était réelle ! Dans la région castelbriantaise, une personne s’improvisant « boucher » vend la viande de bêtes mortes déterrées. Il est certain que des personnes profitent du marché noir dans la région castelbriantaise comme ailleurs.

    Globalement les commerçants sont très honnêtes. Mais on ne peut les empêcher, lorsqu’ils bénéficient de denrées rarissimes, de les vendre de préférence (mais sans bénéfice) à leurs clients fidèles, grâce à un langage codé. Un paquet de café s’appelle « une pelote de laine », par exemple. Des commerçants seront cependant arrêtés à la Libération pour avoir largement « trafiqué » avec l’Occupant.

    Pourtant la réglementation est stricte : même les actes de jardinage doivent être déclarés à la mairie et le transport des légumes entre le jardin et le domicile est interdit sans autorisation. (seuls les vols sont commis sans autorisation !).

    Outre les voleurs, il faut surveiller les doryphores, ces parasites qui dévorent les feuilles des pommes de terre, font s’étioler la plante, et l’empêchent de donner les tubercules si nécessaires à l’alimentation. Dans les familles on pratique la chasse à ces coléoptères aux élytres rayées de noir. Un décret de Pétain réquisitionne les enfants des écoles pour en débarrasser les champs. Le mot « doryphore » sera utilisé, par dérision, pour désigner l’Occupant lui-même et son comportement de prédateur : les Allemands raflaient tout dans les magasins et les maisons.

    Les récoltes de seigle et de blé doivent être déclarées à la mairie de la commune où se trouve le siège d’exploitation, avant le 30 septembre (décret du 3 septembre 1940). Le pain blanc devient introuvable. En 1939, avec 100 kg de blé on retire 75 kg de farine. En 1942, on retire 98 kg de "farine", contenant de plus en plus de son. La "farine" vendue aux consommateurs comporte aussi de la farine de châtaignes voire de la sciure de bois. Souvent les familles cuisent elles-mêmes leur "pain". « « Nous allions acheter la farine au Moulin de Crocfer, se souvient Paulette Blond. Nous ne faisions qu’un semblant de pain car nous n’avions même pas de four à la maison »

    Les produits d’hygiène manquent, en particulier le savon. Les tickets de savon donnent droit à 125 grammes par mois, mais les "pains" de savon font 500 grammes. Si l’on n’a que deux ou trois tickets, des commerçants refusent de détailler les morceaux : force au client d’attendre un mois de plus, solution peu pratique pour les familles chargées d’enfants dont le lavage des couches est journalier !. Certaines personnes savent utiliser la saponaire, plante à tige dressée dont les fleurs roses et odorantes moussent comme du savon. Le plus souvent, les femmes retrouvent le savoir ancestral : la soude caustique avec un corps gras (du saindoux par exemple) et du talc produit un savon noir. Pour « les buées » comme on dit en parlant des « grandes lessives », on utilise la cendre des chênes ou des arbres fruitiers, débarrassée des résidus charbonneux, enfermée dans un sac en tissu serré et solide : l’eau et la cendre, portées à ébullition, remplacent le savon.

    Les journaux diffusent de « bons conseils » : avec des pépins de raisin on peut extraire de l’huile utilisable dans les savonneries. Pour une « mayonnaise » sans huile ni jaune d’œuf, il faut faire gonfler de la benzonite dans l’eau : cette argile d’origine volcanique multiplie alors son volume par 15 ou 20, donnant un produit visqueux, imputrescible qu’on peut renforcer avec une petite quantité de soude, et délayer avec du vinaigre ! Un dénommé « Zitin » explique à ses voisins qu’une noix, mise à cuire dans la soupe, remplace la graisse qu’on y mettait naguère.

    Pour s’éclairer on fabrique des lampions de fortune, en coulant du suif dans des pommes de terre évidées. Un petit bout de mèche, et le tour est joué.

      Du lard pour un dictionnaire

    « Un peu partout, c’est le troc », dit M. Huard : « Les industriels du machinisme agricole se réunissaient à Paris tous les mois. Un de mes collègues me demande de lui envoyer des pommes de terre : une bouteille de vin fin en échange d’un kilogramme de patates. C’est ainsi qu’une caisse de pommes de terre, marquée "pièces de charrues" , prit la direction de la zone libre ».

    Le troc existe partout. Pour une paire de « chaussures », à Châteaubriant, fournir, en plus du prix normal, une livre de beurre. Ces « chaussures », au dessus en carton bouilli, reposent sur des semelles de bois, renforcées par des bandes de pneus clouées au dessous. Pour un dictionnaire Larousse, outre le prix fixé, apporter un morceau de lard.

    En campagne on troque du blé contre de la ficelle pour moissonneuse (la maison Huard à Châteaubriant, vendait, avant guerre, dans son Service des Ventes Locales, de la ficelle pré-coupée avec boucle. Au cours de la guerre, elle finira par en manquer). En août 1941 la Préfecture du Nord conseille aux agriculteurs d’utiliser des liens papier « vous pourrez en vous groupant en obtenir directement par quantité de 60 000 liens au minimum en passant commande aux fabriques indiquées. Vous joindrez à votre commande le paiement sur la base de 214 francs le 1000 pour ficelle à deux nœuds ; 179 francs le 1000 pour ficelle sans nœuds ».

    Dès le début de l’année 1940 la population subit une série de restrictions. Les stocks de café de plus de cent kilos doivent être déclarés. La vente de viande de boucherie (boeuf, veau, mouton) est interdite les lundis et mardis ; le vendredi s’ajoute l’interdiction de chèvre, porc, cheval et charcuterie sous toutes leurs formes. Quelques semaines plus tard les restrictions de viande de boucherie sont portées à trois jours (lundi, mardi et mercredi) si bien que les prêtres dispensent les catholiques de respecter le vendredi maigre qu’ils peuvent reporter sur l’un des trois jours sans viande.

     Restrictions

    Les communiqués succèdent aux communiqués, la liste des restrictions s’allonge au fil des semaines : alimentation, tabac, textile, charbon, savon etc . Apparaissent des « bons d’essence », des « bons de pneus ». Des cartes d’alimentation sont instaurées : tickets E (enfants de moins de 3 ans), tickets J comme Jeunes (J1, J2, J3 en fonction des âges, les J3 allant de 13 ans à 21 ans), tickets C comme consommateur de plus de 21 ans se livrant à des travaux agricoles, tickets V comme « vieux » (consommateur de plus de 70 ans), tickets T comme Travailleurs de Force (de 21 à 70 ans), tickets A pour tous les autres consommateurs. Il faut veiller à ne pas égarer les tickets de couleur, et à ne pas les détacher (seuls les ciseaux du commerçant peuvent le faire).

    Désormais on n’est plus ouvrier ou prolétaire, on est « ticket T », ce qui donne droit à des suppléments de pain, de vin, de viande ... quand c’est possible.

     

    La VIE QUOTIDIENNE sous l'OCCUPATION

    D 26 - Rationnement

    Des cartes de priorité évitent les files d’attente à la porte des magasins, pour les mères de familles ayant des petits enfants, et pour les mères allaitantes. « Un jour, une Castelbriantaise, gitane sédentarisée, demande à en bénéficier. L’employé de mairie, tatillon, exige un certificat médical. "C’est pas la peine", dit la femme qui se dépoitraille et envoie une giclée de lait, atteignant ... non pas l’employé tatillon, mais en arrière le chef de service. « Toute la ville s’en divertit beaucoup » , raconte Jean Gilois

    Au début, il est prévu quotidiennement 100 grammes de pain pour un enfant de moins de trois ans, 200 grammes de 3 à 7 ans, 300 grammes de 7 à 70 ans, 200 grammes aux plus de 70 ans. Les travailleurs de force de 12 à 70 ans et les cultivateurs à partir de 12 ans ont droit à 500 grammes de pain par jour. Les semoules, pâtes, légumes secs et fromages à la crème disparaissent des étals, tous les plats à base de crème sont interdits dans les restaurants. Les rations diminueront par la suite

    Les enfants ont droit à des bonbons vitaminés et, à l’heure du goûter, à des biscuits à la caséine. Un professeur de gymnastique, qui trouve que la ration en matière grasse de ses enfants est insuffisante, n’hésite pas à obliger ses enfants à ingurgiter du suif qu’il a sucré.

    Tout au long de la guerre, les rationnements s’aggravent. En avril 1941 par exemple, un communiqué de presse paru dans Paris Soir indique « en ce qui concerne la viande, les travailleurs seront rangés, à raison de leur très grand nombre, dans la même catégorie que les autres consommateurs » c’est-à-dire qu’ils n’auront pas droit à une ration supplémentaire.

     

    La VIE QUOTIDIENNE sous l'OCCUPATION

    Carte de charbon

    En novembre 1941 à Châteaubriant : le charbon manque, l’éclairage au gaz est réglementé, les classes sont mal éclairées. Le combustible est insuffisant pour chauffer les maisons et édifices publics. La municipalité pousse au chauffage au bois, tout en réglementant la circulation du bois pour éviter que certains fassent du stockage, tandis que d’autres n’ont rien. Les indigents se voient attribuer une demi corde de bois.

    La carte d’alimentation est strictement personnelle (loi du 17 septembre 1940) et il est interdit de vendre ou céder des tickets à d’autres personnes ou d’en envoyer par la poste.

     

    D’ailleurs les rations ont été calculées au plus juste « sur des bases telles que personne ne doit pouvoir disposer d’une partie des denrées allouées » (disait un communiqué de la préfecture du Rhône en décembre 1940). « Seuls les tickets de pain peuvent, à la rigueur, n’être pas tous utilisés par leurs bénéficiaires. Dans ce cas ils peuvent en user pour acheter, pour eux-mêmes, de la farine ou des pâtes fraîches ».

    Les tickets sont très surveillés, et, lorsqu’un consommateur décède, ses titres d’alimentation doivent être remis à la mairie.

     

    De même tout changement de composition de la famille doit être signalé en mairie. Ceci exige une coordination entre la mairie et l’Occupant.

     

    A Châteaubriant le maire Ernest Bréant s’y refuse.

    Les abats (tête, pieds, foie, poumon, cœur) de bœuf, de veau et de mouton, ne nécessitant pas de tickets, font l’objet de nombreuses demandes qui provoquent une hausse des prix.

    Il faut des « cartes » pour tout : cartes pour les vêtements et les textiles (à partir du 1erfévrier 1942), cartes de tabac, cartes de jardinage, bons d’achat pour une veste de travail, une paire de chaussures, des produits détergents, des articles d’écolier, etc. Jean GAUCHET, dont la mère tenait une petite épicerie non loin de la rue de la Barre, se souvient : « le dimanche on collait les tickets par catégorie, mais le papier était rare. On utilisait donc les pages des vieilles revues d’avant-guerre : elles servaient de bons de commande chez les grossistes.

     

    On a vu des gens très égoïstes.

     

    On a vu aussi des actes de solidarité formidables, des gens qui donnaient des tickets, alors que c’était interdit, notamment à destination des gars réfractaires du STO qui n’avaient plus de carte d’alimentation ».

    Même avec les tickets, l’attente s’allonge pour certaines denrées rares comme le vinaigre et l’alcool à brûler ou devant les boucheries chevalines où la viande est moins rationnée. Les boulangers et bouchers ont appris à couper les parts au plus juste pour que chacun n’ait pas plus qu’il n’a droit. Des marchandises, non disponibles dans les boutiques, sont cédées au prix fort dans les arrière-boutiques : des particuliers et des commerçants feront fortune à ce petit jeu-là tandis que d’autres rendront des services énormes à la population en vendant au tarif normal tout ce qu’ils peuvent se procurer et en essayant de partager équitablement

     

     

     

    sources /

    http://www.chateaubriant.org/516-livre-la-vie-quotidienne-sous-l

     


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  • Les émigrants européens: les Français -  2

     

    Nous continuons notre présentation de cette immigration française vers l'Uruguay qui laissera des traces dans la société de ce pays.

    Quelle(s) trace(s) trouvons-nous de cette ancienne immigration française dans Montevideo aujourd'hui? Si on ouvre les yeux, on découvrira plein de choses autour de nous qui rappelleront ces émigrants comme par exemple des noms de rue, des petites places nommées avec des noms français, le style d’architecture de beaucoup de bâtiments, les places publiques dessinées par des paysagistes français ou d'origine française, etc.

    Ah oui...une autre chose peu banale mais marrante est le nom des immeubles car chaque immeuble a son propre nom. On trouve un nombre incalculable d'immeuble qui ont des noms français (lieux, prénom, etc) alors que la majorité des ces immeubles ont été construit durant les années 60/70/80 donc loin de cette immigration. Manque de pot, mon immeuble s’appelle Las Bermudas! J'aurais préféré Montpellier ou Pont du Gard, La Cigale, Rocamadour, Marie Sophie, Saint Germain.

    On remarquera aussi qu'un certain nombre de personnes au-dessus de 60 ans (moyenne) ont encore des restes de la langue française ou parlent encore le français car cette langue fut enseignée dans les écoles durant de nombreuses années.


    Si on se promène dans le cimetière central de Montevideo, on remarquera de nombreux caveaux avec des noms français. A mes yeux, je pense que le plus bel héritage que ces émigrants ont laissé est le nombre de gens qui portent des noms de famille français ou francophones.

    A quelques occasions, quand on m'a demandé ma nationalité pour x raisons, je me suis retrouvé face à une personne qui était fière de me dire qu'il/elle était de descendance d'une famille française tout en me donnant son nom de famille afin de bien appuyer cette fierté. Certains savaient plus ou moins de quelle région provenaient leurs ancêtres tandis que d'autres en avaient aucune idée. Au bas de cet article, je vous ai mis une liste de noms français que j'ai pu attraper dans des magazines, des journaux, dans la rue, sur des sonnettes de porte, des compagnies sauf l'annuaire téléphonique qui doit en regorger.

     

     

    Évolution historique de la population d'Uruguay
    1829:...............74.0001840:.............200.0001862:.............281.5001900:.............936.0001908:..........1.043.0001920:..........1.500.0001930:..........2.000.000

     


    L'impact économique


    Moins importante quant à son volume face aux émigrants espagnols ou italiens, l'immigration française a eu une grande importance pour son rôle économique joué en Uruguay.

     

    La métropole parisienne avait dûment reconnue l'importance multiple de ce fait démographique:

     

    "Du point de vue commercial et maritime, Montevideo valait, pour la France, plus que toutes ses colonies réunies, si onéreuses durant la paix et si engagées durant la guerre (on pourra dire la même chose pour Buenos Aires et l'Argentine)''.

     


    Avant l'invasion de la République Orientale (par Manuel Oribe), la population française se chiffrait à 25.000 âmes et le commerce français vers l'Uruguay avait augmenté avec le chiffre énorme de 375% en l'espace de dix ans. En septembre 1842, le port de Montevideo enregistra jusqu'à 116 bateaux français au large desquels 21 ont levé l'ancre le même jour. Par exemple, la ville de Montevideo consommait comme produits français, entre autre, 1.000 barils de vin de Bordeaux par mois bien avant que Pascual Harriague, un basque d'Hasparren (Pyrénées-Atlantiques) introduisit les cépages du Tannat devenu, depuis, le principal cépage des vins uruguayens.


    Ces faits n'ont pas d’égal dans aucune autre partie des colonies françaises. Si la République Orientale avait su maintenir la paix de l'État, le pays aurait actuellement compté sur plus de 40.000 Français au rythme des statistiques des débarquements. Pour comparaison, la population indigène à ce moment là, ne s’élevait à peine qu'à 70.000 âmes.La France avait, avec ce capital humain qui avait émigré vers le Río de la Plata (Uruguay et Argentine), un marché qui stimulait le rythme des exportations transatlantiques.

     


    L'immigration et ses problèmes


    Selon un rapport de Louis Marie Francois Tardy de Montravel (administrateur colonial), les dits spéculateurs "avaient établi dans ces contrées françaises un style de commerce de traite des blancs en ce qui concerne les moyens de séduction et de recrutement, un peu comme la traite négrière".

     

    Toujours, après l'apparente émigration spontanée, se dessinent les formes de commerce et de commerçants sans scrupule qui perfectionnent un style de mécanisme de gains démesurés aux dépens de ce ''bétail humain'' qui était envoyé du vieux continent vers ces nouvelles contrées.


    La plupart de ces français sont isolés des grands centres urbains avec de surcroît, des problèmes agraires aggravés par la pression démographique. Ces problèmes seront un fournisseur par excellence pour les pays du Rio de la Plata. Cette France humble, analphabète pour beaucoup, audacieuse, entreprenante, laissera sa trace culturelle imprimée très profondément parmi le peuple uruguayen.


    En 1843, on effectua un recensement de Montevideo et démontrera déjà une baisse des émigrants français malgré l’arrivée de ceux-ci jusqu’après 1850. Des 20.000 Européens, seulement la moitie sont français, ce qui démontre déjà une diminution du flot.
    L'immigration française décroît finalement vers 1870.

     

    Des causes internes comme la lutte contre le déracinement pyrénéen, l'effondrement provoqué par la guerre franco-prussienne et les luttes externes comme la conquête des marchés du Rio de la Plata par l'Angleterre et l'Italie finiront de tarir cet immense réservoir d'émigrants. Une fois ce flot presque asséché d’émigrants français, l'Italie et l'Espagne deviendront les principaux fournisseurs démographiques de l'Argentine et de l'Uruguay.

    La fête du 14 juillet par les enfants de la légation française

    Vers 1884, Nicolas Granada réalise un recensement de Montevideo qui avancera le chiffre de 115.000 habitants. 45 % de cette population sont des émigrants desquels 33.000 sont italiens, 22.000 Espagnols et seulement 7.400 Français.


    En Argentine, de nombreux descendants de français qui vivent dans le pays, tiennent pour évidence que leurs ancêtres vécurent en un premier temps en Uruguay!
    La route des immigrants

    Penser que tous ces émigrants partirent de France, pour débarquer directement dans un port d’Argentine relève d’une idée erronée. Les Compagnies de navigation tracèrent différentes routes, incluant des ports différents.

     

    Deux des ports les plus importants en France pour l'immigration furent ceux de Bordeaux et Nantes.


    Quelques bateaux chargés d’immigrants se dirigeaient d’Europe vers l’Amérique du Nord. De là, ils descendaient vers le sud, accostant dans différentes villes.

    Les immigrants pouvaient débarquer dans d’autres ports selon les facilités que leur offraient les agents qui les menaient et selon la situation politico-économique locale ou sociale que pouvait offrir chaque pays à ce moment là. Toutefois, le débarquement pouvait dépendre aussi des facilités offertes par les agents de l’immigration.


    Le mouvement migratoire d’entrées et sorties des passagers du Port de Montevideo a été conservé dans les livres d’entrées de passagers tenus par la Police de Montevideo entre les années 1829 et 1864. Pour les entrées de passagers en Uruguay après 1896, on doit consulter la Direccion Nacional de Migraciones.

     

    Même au cours de cette période l’information n’est pas complète. Les livres sont en mauvais état de conservation mais peuvent être consultés aux Archives de la Nation à Montevideo pour certaines années. Il paraîtrait que les archives françaises de cette époque ont été renvoyées en France.

     



    Ci-dessous et pêle-mêle, les noms de famille de descendance française (les seuls dont je ne suis pas certain sont les noms Basques car je ne sais pas si c'est français ou espagnol):

    Abarly, Aguerreberry, Alarcon, Ambrois, Amorin, Armand, Aulet, Bacot, Barbat, Barbé, Barbier, Barbot, Barité, Barreneche, Barrère, Barriere, Barthielemy, Barthou, Bascou, Bataille, Baupres, Bayou, Béduchaud, Belfort, Benoit, Beracochea, Berenbau, Berlocq, Bertereche, Berthier, Betancourt, Bidart, Bidegain, Bidondogaray, Blanquet, Bobé, Boix, Blois, Bonet, Bonsignore, Bordabehere, Bordaberry, Bordenave, Bouton, Bouzout, Brie, Buthet, Caillon, Calvet, Campisteguy, Candeau, Carrau, Carrette, Casamayou, Castaings, Caubarrere, Cavalier, Cazajous, Cazaux, Cazeres, Champagnat,

     


    Chapital, Chifflet, Claret, Clavaux, Clerc, Collier, Couture, Cruzet, D'Arenborg, De Castellet, De Tazanos, Daou, Darricarrère, Dessent (belge!), Dienot, Dieux, Doubois, Doyenant, Ducasse, Duffau, Dugros, Duguet, Duplech, Dupont, Dupuy, Durand, Ebrard, Echevarriarza, Echeverria, Echeverry, Estigarribia, Etchegaray, Etchegarry, Etchevarne, Etcheverry, Etchevers, Faget, Fauquet, Fleurquin, Fleury, Folle, Font de Bon, Fossey, Fouchou, Fouquet, 

    Fourcade, Fournier, Galvaire, Gardelle, Garin, Gauchou, Gervais, Giot, Givogre, Goyret, Gramont, Guerin, Guigou, Guillot, Irigaray, Haget, Harriague, Henaise, Herou, Hervey, Hocquard, Horticou, Jarreguiberry, Jouant, Knab, Labadie, Labelle, Laborde, Lacarrére, Laffitte, Lafond, Lamarthée, Lamolle, Langlade, Lansac, Larralde, Larravide, Larriquer, Lasnier, Lateulade, Laventure, Leborgne, Legris, Lemoine, Lenoble, Loustanau, Lyonnet, Maissonave, Malet,


    Marichal, Marmouget, Massonnier, Menache, Mendiverry, Methol, Michelin, Millas, Molvert, Monfort, Monge, Oger, Parrabère, Pasquet,Paternain, Paullier, Pelfort, Peyrou, Philippe, Piaget, Plane, Pivel, Pouet, Pucheu, Puyol, Ribarne, Riqué, Rivière, Robillard, Rodié, Rousseau, Salaberry, Séré, Serrat, Serrés, Sorhuet, Supervielle, Suzacq, Talice, Taullard, Tazenet, Thiele, Touzet, Trianon, Trochon, Vernier, Vidal, Viennot, Xavier.

     

     

    http://augrsdesjours.blogspot.fr/2012/03/les-emigrants-europeens-les-francais_08.html


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    Les émigrants européens: les Français - 1
     
    Je vais vous parler de l'impact de l'immigration européenne, dont celle de France, en Uruguay vers la fin du XIXe siècle/début XXe siècle. Cet apport a été un atout majeur et immense pour le pays dans tous les domaines, c'est à dire artistique, culturel, économique, culinaire, mœurs, mentalité, loi, architecture, etc. C'est à cause de cette immigration que l'Uruguay fût prénommé la ''petite Suisse'' d’Amérique du sud fin XIXe/début XXe siècle.
    Durant cette époque, Montevideo (comme Buenos Aires d'ailleurs) n'avait rien à envier à Paris, Milan, Madrid, Londres. Montevideo jouait sur le même pied d’égalité que ces grandes villes européennes. On n’hésitait pas à citer les noms de Montevideo et Buenos Aires dans les salons chics de Paris comme la destination en Amérique du sud. 
    De nombreux artistes français ou européens passeront par Montevideo comme la célèbre Mistinguett, la cantatrice Ninon Vallin, la chanteuse et danseuseCarolina Otero, etc. Mais on pourra dire que ces échanges furent du même calibre en provenance de Montevideo vers la France (surtout Paris) avec de nombreux architectes qui viendront faire leurs études aux Beaux-Arts, des écrivains, des avocats, des médecins, des peintres, etc.

    Basé sur ce que je peux voir de cette époque dans les musées ou les maisons particulières, on peut voir que ces époques fin XIXe siècle/début XXe siècle ont amené le meilleur que l'on pouvait trouver en Europe comme la vaisselle, les meubles, la machinerie dans les usines, les décorations dans les maisons, les appareils médicaux, les matériaux de construction, etc. Incroyable de voir tous ces objets qui venaient du vieux monde! Vraiment des périodes qui ont été prolifiques dans tous les aspects de la société uruguayenne.Cette immigration a amené toutes les couches de la societe française ou européenne. Mais une majeure partie fut une immigration en quête d'une nouvelle vie et d'un meilleur confort même si cela ne fut certainement pas facile pour une majorité d'entre eux en dehors des centres urbains.
    Introduction
    "Les artisans sont en majorité des émigrants des Provinces Basques comme par exemple des ébénistes, des maçons, des forgerons, etc. et forment un groupe formidable. On suppose qu'ils sont près de dix mille. Ils apportent et retiennent leurs coutumes et forment un petit monde très uni et soudé. Ils ont leurs propres lieux de distraction comme des salles de billard, des cafés, des salles de bal, etc. Durant les dimanches et les jours de foire, les jeunes de Montevideo vont jouer à la pelote basque quand ils ont des désirs de s'amuser. Beaucoup de ces femmes Basques sont extrêmement jolies et très vivaces. Généralement, ces Basques parlent autant français qu'espagnol car leurs provinces se trouvent entre ces deux pays; mais parlent aucune des deux langues avec un accent pur, comme on peut l'imaginer. Ils ont quelques bons groupes de musique et réellement je ne connais pas de gens qui semblent s'amuser autant qu'eux. Plusieurs d'entre eux sont devenus riches en peu d'années grâce à la forte demande en construction de maisons dans une grande partie de la ville. Ils constituent une classe intelligente, modérée et ont la fibre industrielle."
    La transcription ci-dessus provient d'un auteur anglais qui visita l'Uruguay en 1842. Montevideo apparaît comme une ville vraiment cosmopolite: "Il y a peu de lieux dans le monde (et surtout par rapport à sa taille) où la communauté est formée de tant de différentes nations. Ici, on peut trouver pêle-mêle dans la ville des Espagnols, Brésiliens, Italiens, Français, Anglais, Portugais, Allemands, Hollandais, Suédois, Prussiens et parfois des Russes, des Américains, et des habitants de Sardaigne." Ainsi fut décrit Montevideo par W. Whittle dans son "Journal de voyage du Rió de la Plata'' qui incluait ses observations faites durant sa résidence à Montevideo et publié à Manchester en 1846. Ces observations montraient la diversité de la ville de Montevideo à la fin du XIXe siècle.
    Histoire de cette immigration
     
    Définitivement, on peut dire que l'apport français eu un impact très important autant dans la société uruguayenne que dans sa culture durant de longues années. La supériorité des immigrants français a été signifiante jusqu'à la Grande Guerre (1839-1851) parmi la population de Montevideo. Entre 1835 et 1842, selon les statistiques des débarquements des bateaux Isabelle et Vaillant, 33.000 Européens arrivèrent à Montevideo. De ce contingent, les français sont en tête avec de 15.000 à 18.000 émigrants suivis par 8.300 espagnols et 7.900 Sardes (habitants de Sardaigne). A peu près tous ces émigrants s'établissent sur Montevideo qui compte aussi 40.000 habitants (on parle presque d'un rapport de force quasi égal).
    Même les colonies proches de la France comme, par exemple l'Algérie, ne recevaient pas une si grande affluence d'immigrants. L'immigration européenne n'a pas inondé les pays comme l'Uruguay ou l'Argentine comme un flot incessant mais plutôt par vague successive.
    Qui sont ces émigrants?
    Les dits émigrants français sont arrivés de différentes régions en trois grandes vagues successives durant le XIXe siècle.
    La première grande vague commencera avec la déclaration de l'indépendance de l'Argentine et de l'Uruguay et s'étend jusqu'en 1837. Cette première vague de ces émigrants français arrivera sous le mandat de Bernardino Rivadavia, qui vers 1825, encouragea les immigrants français à venir s’installer sur l'Argentine. Mais les querelles internes en Argentine poussent plusieurs de ces émigrés vers l'Uruguay. De passage à Paysandú en 1833, Arsène Isabelle constate à cet endroit que "le commerce était assez fleurissant ... : il y avait environ soixante français établis, mais beaucoup allaient et trafiquaient des produits du pays mais qui étaient les mêmes qu’à Buenos Aires". Cette première vague est constituée à majorité de Basques (ou Euskariens) des contreforts occidentaux des Pyrénées.


    La deuxième grande vague qui arriva vers les rives de l’Uruguay et qui sera la plus importante se fera surtout sous la présidence de Fructuoso Rivera : les facilités octroyées pour l'installation de ces émigrants dans la République Orientale agirent comme un attrait très significatif pour beaucoup de ces émigrants venant des contreforts des Pyrénées, du Béarn (Basses-Pyrénées) et de la Bigorre (Hautes-Pyrénées). Fructuoso Rivera fut l’élément déclencheur de cette forte immigration française vers l'Uruguay.

    Ci-dessus, à gauche, le blason de la Bigorre et à droite celui du Béarn.
    La troisième grande vague se produit après la Grande Guerre d’Uruguay à partir de 1850. Cette vague supplémentaire sera plus globale car les émigrants représenteront différentes régions (Savoie, Île de France, etc.) ou villes (Amiens, Tours, etc.) dont la capitale (Paris) mais les Gascons et les Provençaux seront majoritaires. On sait, par exemple, que les premiers départs de la Savoie vers l'Uruguay se produisent en 1855. Les premiers groupes s'installant dans le département de Colonia. En 1873 et 1874, des familles entières laissèrent leurs villages, partant en majorité du port de Genève, mais cette fois avec comme destination exclusive l'Argentine.
    La prédominance de Montevideo comme port d'arrivée se doit à trois facteurs:
    • Montevideo est un port naturel alors que Buenos Aires ne l'est pas et de nombreux travaux durent être faits pour lui donner de l' importance;
    • La campagne pro-immigration du président uruguayen Rivera;
    • La perte de prestige du gouvernement de Rosas en Argentine. 
    Un flot continue d’émigrants français se dirigera vers le Paraguay, la Province d'Entre Rios (la province d'Entre-Rio était une subdivision de l'Argentine située au nord de Buenos Aires, au sud de la province de Corrientes, à l'est de la province de Sante Fe et à l'ouest de l'Uruguay), Buenos Aires et l'Uruguay. Comme disait le professeur Jacques Duprey, la troisième partie de la population de l'Uruguay (après les uruguayens et les indigènes) durant le deuxième tiers du XIXe siècle, est née en France ou était de descendance française.

    Fête du 14 juillet en 1900 par la légation française dans le Palacio Jackson
    Il est nécessaire d'ajouter à ces embarquements massifs, qui varient d'une rive à l'autre du Río de la Plata (Argentine ou Uruguay), un grand nombre d'entrées individuelles plus ou moins clandestines. Ces entrées individuelles étaient l'acte de beaucoup de marins abandonnant les bateaux marchands qui jetaient l'ancre sur les rives, attirés par les différentes facilités que le pays offrait (comme l’accès à l'eau, au bois et surtout de la viande).

    Les autres entrées individuelles non déclarées seront beaucoup de ''déserteurs'' de la flotte de guerre française qui prennent terre durant les escales. On démontrera que pendant de nombreuses années, et avec la connivence des autorités militaires locales, que ces recrues expérimentées étaient recherchaient car ils leur fournissaient des avantages multiples (hommes en santé, jeune, carrière militaire, etc.) et c'est pour cela qu'on ne trouvera nul part des poursuites de désertion envers ces marins de la part des autorités françaises.
    Les Basques nés en France, mais non francophiles, abandonnent leurs contrées natales des provinces de Labourd, Basse Navarre et de Soule par la frontière terrestre franco-espagnole. Ils embarquent depuis les provinces sœurs de Guipuzcoa et de Bizkaya en se déclarant de nationalité espagnole afin d’éviter les contrôles français et les possibles obligations militaires. Plusieurs, par négligence ou par ignorance ou bien par calcul, sortent de ces provinces sans documents français ou alors les ’’perdent’’ en cours de route.
    On verra aussi des hommes politiques irréguliers, des républicains, des bonapartistes et des socialistes qui ne passent pas non plus par les services consulaires de la Maison de Bourbon-Orléans. Des émigrants analphabètes qui embarquent au moyen d'un accord verbal avec des commandants français de bateau du sud-ouest (surtout Bordeaux) et qui débarquent sans aucun contrôle sur les côtes.Des français endettés en France, au Brésil et en Argentine qui changeront leurs noms en consonance espagnol afin de ne pas se faire dépister par leurs créanciers et qui traverseront facilement les frontières.
    En 1835, le gouvernement oriental fonde la Villa del Cerro, la future Cosmopolis, avec le projet que les émigrants du vieux monde fassent leur apprentissage de ''l'Amérique'' à cet endroit. Ne pas oublier aussi qu'a cette époque, on trouve un Ministre de la France en Uruguay qui se rapporte directement à la France.
    Arrivèrent à cette même époque aussi des contingents d'Anglais, dont leurs vocations sont réparties entre le commerce et le bétail. C'est eux qui construiront, entre autre, le réseau des chemins de fer du pays. Un flux permanent amène les émigrants Espagnols et les Italiens à quitter leur mère patrie appauvrie.

    Banquet au Club Español (1903)
    Fin de cette première partie sur l'immigration française. La suite dans la Prise 2

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    "On a retrouvé l’histoire de France"
    de Jean-Paul Demoule
     
     

    BONJOUR, déjà remettre les pendules à l'heure !

    Nos ancêtres les Gaulois n’étaient pas de rustres guerriers mais un peuple plutôt raffiné. Contrairement aux illustrations publiées dans nos livres d’histoire, ils ne portaient pas de casques ailés et logeaient dans des bâtisses assez fonctionnelles pour l’époque.

     
     
    Responsable des archéologues du sauvetage, s’occupant des restes archéologiques mis à jour par les grands travaux d’infrastructures, l’auteur dresse un tableau de quarante années d’archéologie en France.
     
     
    Il en profite pour faire la peau à quelques idées reçues sur la formation de la France gauloise, chrétienne, hexagonale.
     
    Il pointe les mensonges, les mythes, les détournements de l’histoire et les trous de l’éducation historique des Français.
     
     
     
    De Vercingétorix à Charlemagne en passant par Clovis, il remarque la construction d’un mythe national après-coup en réinventant les faits et en les déformant :
     
     
    Vercingétorix, le vaincu de César, mythifié déjà par César dans
     
     
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    « La guerre des gaules » devenu sous la houlette de la bourgeoisie française un héros chrétien en… 1870 !!
     
    On a retrouvé l'histoire de France par Demoule
     
     
    le chef franc Clovis, dont l’Histoire de France omet sciemment de dire que c’était un germain, devenu le fondateur du christianisme monarchique français parce qu’il se serait fait baptiser, et Charlemagne, revendiqué par l’histoire de France alors qu’il avait
    placé sa capitale à Aix-la-Chapelle, en Allemagne, et aurait tout aussi bien pu être revendiqué par tous les pays d’Europe de l’ouest et même au-delà.
     
     
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    Quant à l’archéologie, elle n’a bien sûr rien à voir avec les frontières nationales et, du coup, les périodes de la préhistoire et du néolithique semblent bien absentes des livres de l’histoire enseignée aux enfants qui passent allègrement aux grands empires comme si ceux-ci avaient inventé l’agriculture, la vie urbaine, le commerce et la culture, la civilisation…
     
     
     
    Les grandes civilisations apparaissent ainsi comme produites
    par les grands Etats, un véritable mensonge étatique…
     
     
    En somme, un ouvrage à lire…
     
    Quelques autres commentaires glanés ici et là :
     
    Quand l’archéologie décape toutes les idées reçues et nous raconte la vraie histoire de France.
     
    C’est fou le nombre de clichés que nous continuons de véhiculer à propos de l’histoire de France.
     
     
    Ainsi : nos ancêtres sont les Gaulois, d’ailleurs de pittoresques barbares – heureusement que les Romains sont passés par là...
     
     
    Le Moyen Âge n’est qu’une sorte de longue nuit ou il ne se serait pas passé grand-chose... Clovis fut un acteur majeur de l’identité de la France...
     
     
     
    Les Barbares nous ont envahis...
     
    On a retrouvé l'histoire de France
                : comment l'archéologie raconte notre passé
     
     
     
     
     
    Et tout à l’avenant.
     
    Or, comme le dévoile ce livre avec maestria, les fouilles menées surtout depuis vingt ans nous prouvent à quel point le passé sur le territoire que nous appelons France n’a rien à voir avec ce que continuent de raconter les leçons encore préconisées par l’Éducation nationale.
     
     
    Des leçons dépassées qui traduisent chez nombre de responsables
    (de programmes, voire politiques)
     
     
    « au mieux une inculture, au pire des a priori idéologiques accablants ».
     
     
    Regrettable :
    la  richesse de ces fouilles qui apparaissent ici dans toute leur multiplicité n’est montrée que ponctuellement à la télévision, à destination du grand public,
    et leur sens profond n’est pas toujours explicité.
     
     
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    C’est donc à un décapage vigoureux que se livre – non sans humour – Jean-Paul Demoule, qui fut pendant plus de dix ans à la tête de l’institut majeur de fouilles en activité sur notre territoire, l’Inrap, invitant son lecteur à reprendre le fil de l’histoire réelle, tout en en dénonçant les manipulations.
     
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    Audacieux, il évoque d’emblée la préhistoire quand les premiers immigrants semblent déjà arrivés d’Afrique sur notre territoire actuel (vers Béziers).
     
     
     
    Ensuite, nous allons rencontrer les Homo sapiens, créateurs d’art dans les grottes ornées il y a 35 000 ans, les « colons du Moyen-Orient » apportant l’agriculture et l’élevage il y a environ 7 800 ans, les Gaulois experts dans la métallurgie du fer, les Romains et... des Barbares moins barbares que leur nom ne continue de le suggérer ! Sans oublier de revisiter les modes de vie plus proches de nous, au Moyen Âge, à la Renaissance et jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, selon les couches de la société et ses membres très divers.
     
     
     
    L’archéologie nous raconte une nouvelle histoire de France – concrète et argumentée – et non sa reconstruction idéologique poussiéreuse, voire dangereuse, remontant au XIXe siècle et à la IIIe République.
     
     
     
    A l’heure où l’enseignement de l’Histoire devient du zaping émotionnel pour que les générations soient sans repère, à l’image de ceux qui nous gouvernent, voilà un livre qui nous rappelle fort justement à la raison.
     
    L’Histoire se fait à partir des documents écrits, des témoignages, des actes, des lois, des monuments et des fouilles.
     
     
     
    Ah ! Les fouilles ! La bête noire des promoteurs, et des élus.
     
     
    « Quoi ! Il va falloir attendre que ces messieurs et dames de l’INRAP aient fini de gratouiller la terre pour retrouver trois boutons de culotte et une canette pour continuer à creuser notre parking, à étaler notre autoroute, à construire notre énième carrefour, à lancer notre TGV ?
    Mais on n’en a rien à f… »
     
    Tel est l’état d’esprit dominant de cette époque mercantile où l’Histoire commence avec la naissance de chacun et où « le temps, c’est de l’argent ».
     
    Si pour Yves Lacoste, « la géographie, ça sert à faire la guerre », pour Jean-Paul Demoule, « l’archéologie est un sport de combat ».
     
    A preuve cet extrait p. 160 :
     
    « Si nous nous reportons à nouveau à l’intéressant Guide pratique des parents, CP CM2 distribué par la Ministère de l’Education Nationale à l’automne 2008, le Moyen-Âge est ainsi résumé : « Le Moyen-Âge » :
     
     
    Après les invasions, la naissance et le développement du royaume de France. Les relations entre seigneurs et paysans, le rôle de l’Eglise. Conflits et échanges en Méditerranée : les Croisades, la découverte d’une autre civilisation, l’Islam. La Guerre de cent ans. 496 : baptême de Clovis ; couronnement de Charlemagne ; 987 Hugues Capet, roi de France ; Saint Louis ; Jeanne d’Arc. »
     
     
     
     
    Sans épiloguer, ni ironiser sur cette « découverte d’une autre civilisation » que furent les sanglantes croisades, on voit bien la suite de poncifs, « les invasions » comprises, à laquelle est ainsi réduit le Moyen-Âge.
     
     
     
    Certes, il ne faut pas non plus idéaliser.
     
     
    Les libertés communales, par exemples, ne concernent pas les campagnes, où vivent 90% de la population, laquelle doit produire pour tous les autres, et notamment le clergé, autant de bouches à nourrir. C’est donc une autre vision du Moyen Âge qu’il faut avoir, débarrassée de ses mythes, positifs (Clovis) ou négatifs (on n’est plus au Moyen Âge !), et de ses amnésies (les Francs germaniques, les communautés juives).
     
     
     
     
    Non plus « une longue nuit barbare » entre la brillante Antiquité et la plus brillante encore Renaissance, mais une époque d’un millénaire marquée aussi bien par une révolution industrielle et technique que par l’évolution des mentalités. »
     
     
     
     
    On aura compris que Jean-Paul Demoule, en creusant le sol, en analysant ce que l’on y trouve, remet en question les mythes, les erreurs, les croyances qui conduisent à instrumentaliser les esprits à propos de « l’identité française » qui s’est construite sur des migrations successives, puisque, depuis l’arrivée des homo faber, la France est, avec l’Espagne à l’extrémité ouest de l’Eurasie.
     
     
     
     
    « C’est pourquoi, à côté de la « pureté » ethnique et nationale, il faut aussi pulvériser le mythe de « l’origine ». Il n’y a pas d’origine de la France, pas de jour où la France aurait commencé.
     
     
     
     
    Certains évoquent le fameux baptême de Clovis, que je me suis efforcé de démythifier. Chateaubriand, bien que royaliste légitimiste, n’était pas dupe.
     
     
     
    Il se moque dans ses Etudes historiques qu’on ait pu jusqu’à la Révolution célébrer une messe à la mémoire de Clovis (qu’il nomme Klovigh), ce qui était pour lui un non-sens historique : « La vérité religieuse a une vie que la vérité philosophique et la vérité politique n’ont pas : combien de fois la société avait-elle changé de mœurs, d’opinions et de lois, dans l’espace de mille deux cent quatre vingt ans ! »
     
     
     
    Oui, il y a deux cents ans, le vicomte François-René de Chateaubriand, ministre d’Etat et pair de France, chef de file du romantisme, savait déjà que la nation n’a pas de caractère immuable, qu’elle évolue et se recompose sans cesse, avec des individus nouveaux et venus de toutes parts. » p 296
     
    Vous aurez compris pourquoi d’aucuns n’aiment guère les archéologues, ces fouineurs de notre passé qui nous éclairent sur notre présent en remettant en question les croyances et mensonges que l’on nous a inculqués.
     
    Livre décapant, frais et dont on sort un peu moins…niais qu’avant. Cela repose de la fatuité communicante de la campagne présidentielle en cours.
     
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    Un tour de France en 200.000 ans
     
    Par les temps qui courent, le thème de l’ « identité nationale » est, de temps à autre, à la mode. Il est intéressant de voir comment en parle l’archéologie, discipline qui se fonde sur les « archives du sol », comme le dit joliment la préface de La France racontée par les archéologues.
     
     
    Un bien bel ouvrage que celui-là. Beau d’abord parce que magnifiquement illustrée par les objets des fouilles découverts depuis une vingtaine d’années dans tout l’Hexagone.
     
     
     
    Quelque 2000 fouilles, dites « préventives », ont ainsi réalisées lors de grands travaux d’aménagement sur 2 % des surfaces construites.
     
     
     
    On a ainsi pu accumuler un matériau considérable qui permet de repenser l’histoire de notre pays.
     
     
     
     
    En 168 sites, l’archéologue Cyril Marcigny et la journaliste Daphné Bétard font faire à leurs lecteurs un tour de France métropolitaine et d’Outre-Mer, qui couvre… 200.000 années. Un peu à la manière du directeur du British Museum dans un autre beau livre intitulé « A History of the World in 100 Objects » (Une histoire du monde en 100 objets, chez Penguin).
     
     
     
     
    Ce tour de France commence avec « des cerfs, des panthères et quelques oiseaux » vieux de 200.000 ans en Seine-Maritime, et se termine au XXe siècle à Baillet-en-France (Val-d’Oise) où furent mis à jour des… bas-reliefs du pavillon soviétique de l’Exposition internationale (à Paris) de 1936.
     
    Entre temps, le lecteur voyageur a visité des résidences aristocratiques du premier âge du Fer (900-750 avant notre ère) en Seine-et-Marne.
     
     
     
    Il a rencontré les Grecs de Marseille et des potiers de l’an mille dans la Drôme.
     
     
     
     
    A Gevrey-Chambertin (Côte-d’Or), il a parcouru des « vignes basses » datées… des Ier au IIIe siècles de notre ère. A Etaples-sur-Mer (Pas-de-Calais), il s’est promené dans les camps des soldats de Napoléon prêts à envahir la Grande-Bretagne. Entre temps, sur l’îlot de Tromelin (océan Indien), il aura écouté l’histoire d’esclaves naufragés à la fin du XVIIIe sur cet atoll perdu…
     
    Bref, l’occasion de découvrir tout ce qui, au cours des siècles, a forgé l’identité de ce « cher et vieux pays », pour paraphraser le général de Gaulle.
     
    Briseur de mythes
     
    De son côté, Jean-Paul Demoule, avec son passionnant
     
     
    On a retrouvé l’histoire de France, aide son lecteur à s’y retrouver au milieu des mythes et des approximations de notre histoire nationale souvent écrite (ou réécrite) au XIXe siècle.
     
     
    Une histoire que ce professeur à l’université de Paris I revisite à la lumière de l’archéologie. Cette « revisite », servie par un humour très britannique, fait exploser avec jubilation nombre d’idées reçues.
     
    Il en va ainsi du « mythe » de Vercingétorix (« notre premier héros national »), de la Gaule et des Gaulois, victimes « de deux déformations historiques successives ».
     
    La première vient de César qui a écrit sur la Gaule
    « un ouvrage de propagande à la gloire de son auteur ».
     
    La seconde s’est produite à la Révolution et au XIXe, quand la nation française se cherchait un passé.
     
     
    SOURCES
    http://www.matierevolution.org/spip.php?article2444

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    Des nombreux métiers méconnus et oubliés du cheval de trait,

    celui-là mérite assurément un moment d’attention…

     

    Saviez-vous que des chevaux ont été employés à la distribution des wagons de chemin de fer et à la mise en place des convois ferroviaires ?

     

    Sans conteste marginale pour le nombre des chevaux qui l’ont exercée, cette activité garde néanmoins un grand intérêt historique et technique.

     

    Wagons de grande capacité et pente montante : il ne faut pas moins de 4 colosses pour mettre le convoi en place…

     

    Des chevaux et des trains

    Quel rapport y a t’il entre le chemin de fer et le cheval de trait ou, plus largement, le cheval d’attelage ? L’historien des transports verra dans le premier un concurrent du second. Il vous dira comment le rail a supplanté les fabuleuses armadas de la Poste aux Chevaux, comment il a relégué au magasin des antiquités les maîtres de Poste, voitures et postillons, condamné au « recyclage » ou à la fermeture les relais… Les plus avertis vous évoqueront peut-être la fin des « chasse-marées », des Grandvalliers… Certes, tout cela est vrai, mais aussi réducteur. N’oublions pas que l’arrivée du chemin de fer et la densification de son réseau ont multiplié les besoins en transports routiers de toutes sortes. A une échelle locale, d’innombrables lignes d’omnibus ont dû être créées pour conduire aux quais les voyageurs depuis les bourgs dépourvus de gare ou pour les y ramener. De la même façon, quantité de grands hôtels n’ont pas tardé à proposer à leur clientèle les services d’une « voiture de gare ». Le transport des marchandises, des denrées et des matériaux s’en est, lui aussi, trouvé profondément modifié car si le train assure l’acheminement rapide de volumes jusque là uniquement dévolus à la batellerie, il faut évidemment conduire le fret de son lieu de production ou d’extraction à une gare et de là, vers son lieu de distribution, d’utilisation ou de consommation… C’est du reste à cette époque qu’apparaissent et se perfectionnent de nombreux véhicules à traction animale spécialisés*. Autant dire, et pour conclure, qu’il ne faut pas oublier que la révolution des transports, généralement associée à l’industrialisation et à l’urbanisation de la France au XIXème siècle, ne concerne pas seulement la navigation intérieure et le rail mais également la route, et donc l’attelage.

    Les chemins de fer ont, dès leur début, recouru aux chevaux. Passons sur les trains à traction hippomobile, « exotiques » et éphémères, pour signaler que les Compagnies de chemin de fer ont employé, jusque dans l’entre-deux guerres, énormément de chevaux pour le camionnage et les messageries et que leurs attelages ont souvent brillé au Concours Central Hippique de Paris.

    Une écrevisse sur le dos !

    Dans l’ombre de ces spectaculaires équipages, d’autres serviteurs ahanent. Dans les gares de triage, les ports ou les usines, les wagons ne sont pas tous déplacés par des locomotives, les chevaux sont aussi à la manœuvre.

    Ce travail de titan requière des animaux particulièrement solides, dans la force de l’âge. Rien ne permet d’affirmer qu’il s’agissait plutôt de mâles mais on peut légitimement penser que ce terrible travail était prioritairement dévolu aux chevaux entiers (toujours jugés plus forts et plus nerveux). Ce service exigeant ne durait selon toute vraisemblance que quelques années.

    Le principe (schématique) du harnais dit « écrevisse ».

    Sur plusieurs des clichés qui nous sont parvenus, les chevaux sont équipés d’un harnais tout à fait particulier. Appelé « écrevisse » sur des catalogues de bourrelier, il n’est jamais réellement décrit par les classiques de la littérature professionnelle.

     

     

     

    En gare de Maintenon, deux chevaux au repos. On distingue particulièrement bien le détail de « l’écrevisse ».

     Son emploi, néanmoins, ne semble pas rare. On le retrouve fréquemment porté, sous quelques variantes, par les chevaux tractant berlines et wagonnets dans les carrières ou dans les mines. Il fait partie de la famille des harnais à palonnier porté, comme le « bas-cul » ou l’« arceau », utilisés au halage, au débardage, au maraîchage. Ce type de harnais présente l’avantage de minimiser les risques d’enchevêtrement du cheval dans les traits, d’accrochage du palonnier dans des obstacles au sol, d’arrachage des plants. 

     

     

     

     

     

     

     

     

    Sur le port de Dunkerque, une autre variante de ce travail de titan.
     

    Ces scènes banales, d’un quotidien laborieux, n’ont malheureusement laissé en leur temps - une fois encore - que peu d’éloges et de brefs commentaires, alors laissons aux images le soin de témoigner de ces extraordinaires tractions…

     

     

    Etienne Petitclerc

     

    ( illustrations : collection personnelle)

     

    SOURCES

     

    http://attelages-magazine.com/articles/tradition/forts-comme-des-locomotives.html


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